Franck Ash
guitariste et chanteur

Guitariste de Screaming Jay Hawkins jusqu'en 2000, Franck a sorti un magnifique premier album "This must be love" en 1999 (Lire aussi la kronik de ce disque).
Le site de Franck par Nathalie Dazin :
Blues 'n' Soul

1999

20/10/99

Comment as-tu commencé à jouer de la musique et as-tu une formation musicale "scolaire" ?

J'ai d'abord entendu beaucoup de musique noire américaine à la maison (jazz, blues, gospel, r & b, soul), mon père en écoutait tout le temps et j'ai tout de suite accroché à cette musique. J'accompagnais aussi mon père à quasiment tous les concerts de Paris et je rencontrais ensuite les musiciens dans les backstages. C'était un émerveillement pour le petit garçon que j'étais à l'époque. Puis à partir de l'âge de huit ans j'ai commencé à acheter mes propres disques de blues et on m'en offrait à l'occasion de mes anniversaires.

C'est vers onze-douze ans que j'ai mis les doigts sur ma première guitare que j'ai tout de suite tenu comme un gaucher en inversant les cordes. Je trouvais que c'était un instrument difficile, mais j'étais tellement conquis quand j'écoutais jouer ceux que j'admirais, surtout BB King, que j'ai continué et je suis arrivé à faire quelques petites choses avec le temps. J'écoutais de la musique tous les jours, plusieurs fois le même disque! Et pui j'ai joué pour la première fois devant mes camarades d'école avec d'autres copains pour une fête de fin d'année quand j'avais quatorze ans.

J'ai commis la grossière erreur de refuser les cours de guitare et de solfège qu'on me proposait à cette époque en pensant que ce qu'on m'apprendrait n'aurait rien à voir avec le blues qui était une passion ancrée en moi depuis déjà longtemps, alors j'ai continué à apprendre seul en écoutant des disques. Je n'ai donc pas de formation scolaire, je ne suis jamais allé au conservatoire, mais je crois m'être "formé" à la meilleure école. Avec le recul je pense que j'aurais dû faire les deux choses en parallèle, c'est bien après que j'ai travaillé pour combler mes lacunes en solfège et en harmonie et je continue encore aujourd'hui c'est fondamental pour mon travail et très intéressant aussi.

J'ai refait quelques concerts au lycée et puis c'est en 1985 que j'ai commencé à travailler dans les clubs et j'ai décidé définitivement en 88 que la musique était ce qui était le plus important pour ma vie, malgré ce que cela suppose comme montagnes de difficultés, mais comme toujours je crois dans ces cas là, c'est la passion qui commandait!

Dans quelles circonstances et quand as-tu décidé de vivre en France ?

20/10/99

En 1988 justement je revenais de mon cinquième séjour à New-York où j'avais eu l'occasion de vivre des choses passionantes dans les clubs et à l'Apollo Theater, alors je me suis posé la question de savoir s'il n'était pas préférable pour moi de rester aux Etats-Unis. Et, bien que j'avais de la famille là-bas, la musique ne me faisait pas encore vivre. Grace à ma famille j'aurais pu obtenir la nationalité américaine plus facilement que n'importe quel autre émigrant, mais il aurait quand même fallu que je reste plusieurs années et puis NYC n'était peut-être pas non plus la ville idéale pour s'installer comme musicien de blues. Alors où aller? Ce n'était pas le bon moment pour tenter cette aventure dont je ne savais même pas intuitivement si c'était le bon choix. Je suis donc rentré en France en me disant que je retournerais aux EU pour y jouer et non plus pour m'y faire une place. Et c'est ce qui s'est produit en 1996 quand je suis allé jouer à Chicago pour la 13ème édition du festival avec Screamin'Jay Hawkins. Ca a été extraordinaire. Je suis resté dix jours là bas, j'ai revu des musiciens que j'avais rencontré ici, j'étais tous les soirs dans les clubs et Chicago est une ville très agréable, la musique est vraiment présente. On a fait le concert avec Screamin' Jay, c'était absolument fou, au delà de tout ce qu'on peut imaginer: une foule de 350 000 personnes et le concert diffusé dans tout le pays simultanément. Pendant qu'on jouait mon frère écoutait le concert chez lui à New-York! J'ai hésité à rentrer mais j'avais des choses à faire ici. Puis je suis reparti l'année d'après, toujours avec Screamin' Jay mais à Memphis cette fois-ci. Je l'accompagnais pour enregistrer son disque "At last". On a fait ce disque dans les studios Sam Philips avec Roger Hawkins à la batterie et David Hood à la basse. Une magnifique expérience! Et là encore je suis rentré en France, mais j'avais realisé mes voeux de jouer aux Etats-Unis et j'ai été comblé. Et je sais que ce n'est pas fini mais il est trop tôt pour en parler.

Comment es-tu devenu le guitariste de Screaming Jay Hawkins ?

20/10/99

J'ai rencontré Screamin' Jay Hawkins en janvier 1995 alors qu'il se produisait au club Lionel Hampton de l'hotel Méridien à Paris et il cherchait un nouveau guitariste. A cette époque, quelqu'un dans son entourage proche connaissait Rémy Charmasson qui est un excellent guitariste de Jazz ici en France, et c'est Rémy que je connaissais qui a donné mon contact. Un rendez-vous a été pris et j'ai rencontré Jay au Méridien. Nous avons parlé de choses et d'autres, il était assez entouré ce soir là, puis on a re-discuté pendant le break entre les deux sets et il m'a dit:"prépare toi à monter sur scène, je t'appelerai". Il m'a donc invité à le rejoindre un peu plus tard et on a joué "Woke Up This Morning" de BB King et après il m'a dit "bouge pas je vais t'emmener dans un univers que tu ne connais pas!" et on s'est lancé dans un morceau à 3/4 dont il a le secret du style "I Put a Spell On You". Et puis j'ai quitté la scène, il a fini le concert on a encore un petit peu parlé et je suis rentré chez moi. Quelques semaines plus tard il m'a appelé pour me proposer un concert à Bordeaux pour le mois de mars pour lequel on n'a jamais répété, je suis monté sur scène sans savoir ce que j'allais jouer, et depuis lors je l'accompagne! Mais on a répété après. On a tourné quelques mois et il m'a demandé de lui monter un groupe qui serait basé à Paris où il avait décidé de résider, et de devenir son chef d'orchestre. On tourne toujours avec le même groupe auquel il semble attaché sauf que je suis allé seul avec lui au festival de Chicago et enregistrer à Memphis.

Parles-nous de cet enregistrement à Memphis avec Screamin' Jay Hawkins. Cela doit être une forte émotion de découvrir les studios mythiques de Sam Philips ? Et Roger Hawkins ?

22/10/99

Avant de partir, je ne connaissais ni le studio, ni les musiciens que le producteur de l'album m'avait vanté comme étant la meilleure rythmique du monde, et je n'avais jamais mis les pieds à Memphis! Je ne savais même pas quels morceaux Jay avait décidé d'enregistrer, il les avait pourtant bien préparé.

Sur le studio, on m'avait dit qu'il était surtout célèbre pour les innombrables disques que Elvis Presley y avait enregistré et tellement d'autres artistes dont la liste ferait exploser le Web tout entier!

Quant à Roger Hawkins et David Hood, deux musiciens très sympas, vraiment, je ne sais pas combien de centaines de disques ils ont fait ensemble. Je crois qu'ils ont commencé avec "When A Man Loves A Woman" de Percy Sledge en 63 jusqu'au dernier album d'Eddy Mitchell, qui sort ces jours-ci, en passant par tous les artistes qu'on aime toi et moi.
En tout cas les séances se sont très bien passées, Jay savait exactement ce qu'il voulait et on a enregistré tout live en moins de vingt heures sur trois après-midi.

Avez-vous joué en public à Memphis ?

22/10/99

Le soir je prenais la voiture et j'allais dans les clubs sur Beale Street écouter les musiciens locaux. J'y ai entendu de très bonnes choses et d'autres un peu trop touristiques à mon goût parce que Memphis est une ville où maintenant le blues est devenu parait-il une curiosité pour vacanciers de passage. Mais j'ai eu aussi la chance de faire quelques jams et surtout d'être là pendant le festival et je me suis régalé en allant écouter Ann Peebles, des groupes inconnus de gospel et Little Milton par exemple.

Et puis mon travail était fini alors je suis rentré en ayant vécu une inoubliable expérience. J'aime beaucoup le disque auquel j'ai participé là-bas avec Screamin' Jay.

Après cela, tu as commencé à composer le matériel de ton disque je suppose et j'ai cru comprendre qu'il y avait eu une première "mouture" qui n'est jamais sortie ?

24/11/99

Tu es bien renseigné ! oui, j'ai en effet enregistré un album de mes compositions en 1996, mais celui-ci n'a vu ni ne verra le jour car "This Must Be Love", sorti en 1999, est l'album sur lequel j'ai repris la quasi totalité des titres de 96 qui ont été arrangés beaucoup plus sérieusement.
Des titres ont été rajoutés en fonction de l'évolution de mon travail et ceux de 96 qui ne figurent pas sur l'album de 99 ne sont pas abandonnés pour autant.
Ce qui s'est passé en 96, c'est que j'ai produit moi-même la bande, mais je n'étais pas satisfait du son et puis la deuxième chose est que je cherchais une production pour retravailler les mixages et une distribution pour s'occuper de toute la logistique commerciale et promotionnelle de l'album. J'avais en effet, à tort ou à raison, des réticences à sortir un disque auto-produit qui avait manqué de moyens, j'avais donc besoin des relais nécessaires avec lesquels les musiciens sont sensés travailler. Alors, j'ai préféré attendre pour sortir un premier album qui correspondait plus à mes exigences. Et je ne regrette absolument pas ce délai car je suis aujourd'hui satisfait et heureux de l'accueil qui a été fait à "This Must Be Love", ça m'a donné encore plus d'énergie dans mon travail et les compositions pour le deuxième album sont presque terminées. Reste à régler maintenant la question de savoir quand je vais retourner en studio et de savoir, aussi, quand on peut prévoir la sortie du prochain album.

Présentes-nous les musiciens qui jouent sur "This must be love", ainsi que le label.

24/11/99

Ce premier disque est produit par Big Bang Records et co-produit par Midilive sur le label Blues Power de Night and Day.

Parlons maintenant des musiciens.

Je travaille avec le même pianiste, Lionel Gaget, depuis environ sept ans à la suite d'une rencontre due au hasard et je n'ai jamais envisagé de prendre quelqu'un d'autre; il apporte à mes compositions la presque totalité des arrangements. Le paradoxe est que nos univers musicaux et notre culture diffèrent et que l'on s'entend parfaitement dans notre répertoire. C'est en tout cas quelqu'un d'exceptionnellement doué, compositeur avec une incroyable finesse d'oreille, qui est trés précieux pour mon travail.

Didier Guazzo est à la batterie. De Nice, il est venu à Paris, on s'est rencontré dans un club et on est parti jouer en Suisse où je lui ai proposé de rester avec le groupe mais il venait d'être engagé ailleurs alors, on se croisait de temps en temps, j'ai joué avec d'autres batteurs - très bons d'ailleurs! - et un jour j'ai rappelé Didier qui venait de quitter son groupe, c'était il y a deux ans. Lui vient du Jazz et sait ce qu'est le swing. C'est très important pour moi que les musiciens avec lesquels je travaille aient une culture ternaire et swingue de la musique, c'est le cas de Didier que j'apprécie tout autant quand on joue funk.

Roger BB Thomas est à la basse depuis deux ans. Je l'ai aussi rencontré dans un club il y a dix ans et il m'a beaucoup impressionné. Il vient de l'île Maurice. Il est très précis, énergique dans son jeu. C'est ce qu'on appelle dans notre jargon un "groover" (celui qui creuse le sillon dans lequel toute la musique s'engouffre), mais Didier Guazzo et Lionel Gaget aussi! Voilà la rythmique de choc, la plus rigoureuse et la plus énergique des formations que j'ai monté, d'excellents musiciens qui m'honorent de leur talent.

Et puis, le saxophoniste ténor, Didier Marty (qui joue avec moi dans le groupe de Screamin' Jay Hawkins) est venu faire trois morceaux avec nous sur l'album et nous rejoint aussi parfois sur scène comme ça a été le cas au Méridien dernièrement. Il vient du Rhythm and Blues avec ce son particulier, puissant et rocailleux qui s'inspire de King Curtis par exemple.

Voilà donc le groupe que tu voulais que je te présente, c'est un vrai plaisir pour moi de travailler avec eux.

Tu rêvais à quoi quand tu avais 10 ans ?

6/12/99

Je ne suis pas sûr de me souvenir très précisément de tout, mais j'étais déjà très fan de BB King, j'allais écouter des concerts avec mon père et puis il y avait l'école où je rêvais plus à une copine de classe qu'à mes études! L'idée d'être musicien ne m'avait pas effleuré à cette époque, mais je me souviens que je regardais les scènes en attendant que les musiciens arrivent, comme des espaces que je supposais être magiques...

As-tu un souvenir du premier concert que tu aies vu ?

Là non plus c'est pas très précis, j'en ai vu tellement, Ellington, Mingus, Ella, Basie, Hooker, Muddy, il faudrait que je demande! Peut-être Taj Mahal. En tout cas si c'est lui c'est amusant parce que je vais jouer avant lui dans un festival au mois de mai...

Aurais-tu préféré vivre à une autre époque ?

Tu me demandes si j'aurais voulu vivre à une autre époque, c'est un peu comme si tu m'offrais la possibilité de réinventer completement ma vie, de me projeter dans une fiction idéale. Je crois que chaque époque a eu son lot de malheur d'injustice et de bêtise en même temps que les hommes réalisaient des merveilles. On se plaint aujourd'hui de la vie qu'on mène, était-ce mieux avant? Mais quand et où, ici, il valait mieux être Protestant, là, mieux valait ne pas être Juif, un peu partout la condition des femmes n'était pas enviable, on a tellement fait payer aux Noirs la couleur de leur peau dans un pays entre autre où l'histoire commence avec le génocide des Indiens. Les grandes idéologies se réalisaient sur le massacre des opposants etc, etc. Finalement, tentons d'être heureux aujourd'hui. Culturellement, le début du siècle qui s'achève, foisonnait d'extraordinaires talents, en peinture et puis bien sûr quant à l'explosion de la musique qu'on a en partage alors, puisqu'on en est les héritiers, réjouissons-nous, on aurait pu passer à côté!

Un disque "live" de Screaming Jay Hawkins vient de sortir. Peux-tu nous en dire quelques mots ?

8/12/99

Le dernier disque de Screamin' Jay Hawkins qui vient de sortir est le concert qu'on a fait à l'Olympia en avril 98. On n'était pas sûr de faire ce concert, Jay voulait puis ne voulait plus, il avait des problèmes avec ses collaborateurs, tout un mic-mac et deux jours avant ce concert, il nous a finalement dit qu'on le ferait, alors on y est allé sans avoir répété, ce qui n'est pas un problème avec Jay qui est un artiste très solide sur scène. Il suffit d'écouter ce qu'il joue et le suivre. C'est comme ça! à l'Olympia, au deuxième morceau il se tourne vers nous et crie "C" (DO) et commence une intro. On s'est regardé et on l'a suivi. A la fin du morceau où il raconte une histoire d'amour qui n'a pas marché, il fait semblant de pleurer et essore un mouchoir trempé qui dégouline sur scène et on entend dans le micro du piano les rires diaboliques du miroir qui est posé là; les gens se marrent dans la salle. On entend tout ça sur l'album! Je garde un bon souvenir de ce concert, on joue souvent sur de belles scènes avec Jay.

As-tu enregistré (comme invité ou "musicien de studio") avec d'autres artistes ?

Mises à part les quelques maquettes sur lesquelles on a demandé ma participation où j'ai joué pour faire plaisir ou rendre service aux copains, je n'ai pas enregistré pour d'autres artistes à part Screamin' Jay. Je le regrette d'ailleurs parce que j'aime l'ambiance, la pression et la rigueur du studio. On entend la moindre petite erreur et puis on veut tellement faire bien pour ne pas laisser derrière soi quelque chose qu'on pourrait regretter plus tard, tout en préservant l'énergie et la spontanéité, comme sur scène d'ailleurs, je serai ravi d'enregistrer davantage pour les autres et pour moi aussi.

Avec qui rêves-tu de jouer ?

Je serais au comble du bonheur si je pouvais jouer avec BB King. On s'est rencontré plusieurs fois mais jamais sur scène, rien n'exclu que ça arrive un jour, j'espère. J'aurais rêvé de jouer avec Miles Davis en apportant mon phrasé blues. Miles et Hendrix avaient, je crois, un projet ensemble.
Miles et BB King auraient pu donner quelque chose de très interessant.
J'aimerais aussi rencontrer Robert Cray sur scène, voire en studio. Je serais aussi très interessé de me retrouver sur scène avec Clapton.
Mais puisqu'il m'est permis de rêver, j'aimerai que quelqu'un écrive des choses pour moi !

Comment s'est passé le concert de Screamin' Jay à Athènes ?

22/12/99

Le concert de Screamin' Jay Hawkins à Athènes s'est très bien passé comme la veille à Thessalonique d'ailleurs. Les salles étaient combles et le public a, encore une fois, été très chaud avec Jay... et comme le saxophoniste et moi jouons beaucoup dans les morceaux de Jay, on a la chance de recevoir aussi énormément de son public. C'est un vrai plaisir qui dure maintenant depuis presque cinq ans.

Quels projets et quels voeux pour l'an 2000 ?

Mon voeu le plus cher est de beaucoup travailler, j'aime le travail et il m'est arrivé parfois de souffrir vraiment de ne pas travailler assez. Mon manager s'y emploie d'ailleurs avec energie, mais on fait un métier très difficile qui implique beaucoup de gens, beaucoup de contacts et tout ne se déroule pas toujours comme prévu. Il faut être sur la brèche tous les jours, passer sa vie au téléphone et surtout avoir un moral d'acier par rapport à tout ce qu'on entend! Mais je ne me plains pas, car je suis bien entouré et que j'aime ce que je fais, alors...

J'aimerais enregistrer mon deuxième album cette année, il est prêt, les titres sont écrits et on les joue sur scène. Le repertoire évolue, c'est encore beaucoup de travail et le bonheur aussi de sortir quelque chose de soi qui vous donne la foi dans ce qu'on fait lorsque le public prend plaisir à nous écouter. Oui, j'espère que cet album nous emmenera vite en studio.

Et puis l'association BlueSoul que nous avons créée est prête à accueillir tous ceux qui souhaitent en faire partie de manière a partager en outre des relations privilégiées avec les adhérents. Tous ces projets prennent forme et grandissent avec le temps, comme mon site sur internet qui est de plus en plus visité : http://www.franckash.com/.

J'entre confiant dans le troisième millénaire et j'en profite aujourd'hui pour souhaiter à tous ceux qui liront ces lignes, qui visiteront le site ou qui viendront nous voir sur scène, que se réalisent les voeux les plus chers à leurs coeurs ainsi qu'à tous ceux qu'ils aiment :
"No one was born to suffer, happiness is down here so let's share a dream together", c'est un peu le résumé d'une de mes nouvelles chansons pour le prochain album.

2000

4/1/2000

Ton disque "This must be love" vient de recevoir le deuxième prix Big Bill Bronzy du meilleur disque de blues 1999 de l'Académie du jazz. Ta réaction ?

L'académie du Jazz vient de rendre à mon album un grand hommage en lui decernant le deuxième prix Big Bill Bronzy du meilleur disque de Blues 1999, je ne m'y attendais pas du tout ça qui rend la surprise plus grande. Ce qui me réjouit encore d'avantage c'est d'avoir été nommé avec Lonnie Brooks et Clarence Gatemouth Brown que j'admire, j'ai beaucoup appris en les écoutant. Et puis ce signifie peut-être que mon album abolit les frontières entre artistes américains et français pour ne considérer que la musique et c'est ça pour moi le plus important.
Merci infiniment à tous ceux qui pensent en écoutant la musique de cette manière. J'espère aussi que conséquement à ce prix les producteurs penseront aussi différemment! Les prix, les honneurs, les bonnes critiques apprennent et renforcent l'humilité et motivent les artistes dans le travail, voila les valeurs auxquelles je crois: humilité et travail.

Que penses-tu des nouvelles technologies (ordinateur, internet, etc) ?

J'en pense beaucoup de bien, dés lors que la machine reste au service de l'homme. Nous ne pourrions pas être en rapport de cette façon toi et moi sans internet, et j'attends avec impatience l'ordinateur sur lequel je vais pouvoir étendre indéfiniment mes possibilités de travail sur mes morceaux. La technologie a toujours permis d'améliorer ses outils de travail, au niveau de la précision, mais je crois que la machine exécute ce que l'homme crée. Je parle ici de musique, ou même de création graphique.

N'aurais-tu pas envie d'avoir une partie "multimédia" sur un prochain disque ?

Ca pourrait être trés interessant en effet d'avoir des parties interactives, des boucles avec lesquelles jouerait celui qui possède le disque ou d'y mettre aussi des images, mais cela suppose qu'on soit obligé de visualiser, de visionner, et peut-être que la musique n'est pas faite pour ça, elle est dans l'air, impalpable et l'auditeur peut se promener sans être là où le lecteur joue la musique. On peut être attentif et recueilli devant ses enceintes, mais bouger aussi, danser, sans voir nécessairement, être dans l'obscurité et écouter quand même.

On voit apparaître de nouvelles facons d'écouter la musique avec internet et ses fichiers mp3. Le "show-biz" est préoccupé... et toi ?

On peut dénoncer les pillages de droits d'auteurs ou les spoliations dont sont victimes les producteurs, mais si ces fichiers permettent un circuit de création alternatif ou parallèle à la main mise des producteurs sur la musique, allons-y! Il y a des abus potentiels inhérents a tout ce qu'on invente, doit-on cesser d'inventer pour autant? Prenons aussi le bien là où le moins bien pourrait s'y glisser.

Participes-tu à l'élaboration de ton site ?

Pour l'instant pas du tout, c'est la présidente de l'association qu'on a monté qui s'en occupe avec talent, technique et beaucoup de bonnes idées qu'elle réalise. C'est beaucoup de travail auquel je rends hommage et le résultat est très satisfaisant et ne cessera, je crois, d'être de plus en plus interessant. On réfléchit à beaucoup de choses qui vont se mettre en place progressivement.

Le Père Noel t'apporte une guitare ou un ordinateur ?

Je suis toujours à la recherche de MA guitare, cet instrument qui n'existe peut-être pas, sur lequel je pourrais tout dire au moment où ça vient dans mes doigts, mais c'est un ordinateur que je me procure....

16/2/2000

Screamin' Jay Hawkins est décédé le 12 février. Franck a écrit ces quelques lignes en son hommage...

La subite disparition de Screamin' Jay Hawkins laisse une place béante dont on commence à peine à mesurer l'étendue, que lui seul pouvait intégralement occuper.
Cet homme de caractère nous a encore, une dernière fois, surpris en partant précipitamment. L'immense talent de ce chanteur unique, ce poête surréaliste, ce metteur en scène, le rend irremplaçable et incomparable. Jay n'a pas épuisé son inspiration et se projetait encore dans des rêves, sa stupéfiante jeunesse d'esprit en faisait un créateur de chaque instant, il prenait tous les risques.
J'ai eu la chance de partager avec lui ces précieux instants où il était souvent génial durant les cinq années où ma guitare était au service de sa musique et du personnage qu'il s'était créé.

6/3/2000

Tu joues en ce moment dans des clubs ou des "petites" salles et à partir du mois de mai tu joues dans plusieurs festivals en France et en Allemagne. As-tu une façon différente d'aborder ces concerts (play-list, musicien supplémentaire...) ?

C'est vrai que lorsque je joue en trio avec le batteur et le pianiste, qui fait les basses à la main gauche et le piano à la droite, j'envisage le repertoire d'une façon un peu différente des autres concerts parce que c'est déjà une prouesse de sa part de faire deux choses si différentes simultanément. Il y a donc certains morceaux qu'on ne peut pas jouer et on se concentre alors sur un choix efficace pour ce trio. Quand je suis en trio avec le bassiste, je suis plus libre dans le choix des titres mais le piano me manque beaucoup. C'est pourquoi je préfère mon groupe au complet de toute façon pour pouvoir jouer en toute liberté. Le choix du trio n'étant d'ailleurs dicté que par des raisons uniquement budgétaires.
Maintenant en ce qui concerne les clubs, les petites salles ou les festivals, ma façon d'envisager le repertoire et la musique est rigoureusement la même, à savoir faire un concert en donnant le maximum de moi-même. Le nombre de gens ne change rien pour moi. Qu'il y ait 20, 200 ou 2000 personnes ne me motive ni en plus ni en moins, il y a des gens qui se sont déplacé pour t'écouter et c'est vraiment pour moi le respect minimum pour eux et pour la musique que de donner ce que tu as de meilleur à ce moment là.
Quant à rajouter des musiciens supplémentaires et je pense à des cuivres, je le ferai quand les arrangements seront terminés. On est en train de les écrire en ce moment pour l'album à venir.

Combien de concerts as-tu donné en 1999 ?

Très sincèrement je n'ai pas compté. Ce que je sais en outre, c'est que je peux jouer plus, et mon manager s'y emploie.

Est-ce que les "récompenses" Meilleur Artiste - Meilleur Chanteur aux France Blues Trophées et 2ème prix Big Bill Bronzy à l'Académie du jazz) t'ont apporté de nouvelles opportunités (concerts, disques, etc) ?

Il est encore tôt pour le savoir. Concernant les concerts, car la programmation des festivals se fait en ce moment pour la période juin/octobre, on va le savoir bientôt.
Il est évident par contre que ces récompenses ont des répercutions sur ma notoriété et donnent à ceux qui ne me connaissent pas l'envie de découvrir ce que je fais. Mais je travaille tous les jours à ce qui est devant moi, un nouvel album de compositions dont l'écriture est terminée, et ces récompenses qui me touchent énormément d'ailleurs, se portent sur ce que j'ai fait. Et franchement, je n'aurais jamais osé rêvé d'un tel accueil quand ce premier album est sorti, ni des prix qu'on m'a attribué à travers lui et au delà du plaisir que ça m'apporte, je me réfugie dans le travail.

Mai 2000

Une interview de Franck par la Gazette de Greenwood :

http://www.chez.com/gazettegreenwood/an2000/n20/numero20.htm#fa

2001

Franck a maintenant un ordinateur et il répond désormais directement à mes mails

27/3/01

En mars tu reçois deux nouveaux prix aux Trophées Blues 2000 du New Morning : meilleur artiste et meilleur chanteur français. On attend avec impatience un nouveau disque !

Le jury France Blues pour l'année 2000 m'a en effet décerné les trophées que tu mentionnes pour la deuxième année consécutive et ça a été pour moi un grand plaisir de les recevoir.: cette reconnaissance me touche et j'étais content de voir un public nombreux ce soir là au New Morning pour le concert de mon ami Larry Garner.

Je termine en ce moment mon nouvel album qui sortira dans les bacs en juin ou septembre, je ne sais pas encore. Il s'agit de 11 nouvelles compositions .Je vais plus loin dans le projet que j'ai commencé avec le premier album il y a deux ans, aux frontières de la Soul et du R n' B et je suis satisfait du résultat. J'espère que le public de Blues me suivra dans mes choix de musique et se reconnaitra dans la variété des styles que je propose, en tout cas cet album ert très important pour moi.

17/4/01

Est-ce vrai qu'il n'y aura aucune chanson en français ?

C'est vrai qu'il n'y a pas de chansons en français sur le nouvel album et j'espère que ceux qui aiment ce que je fais ne m'en voudront pas. La première raison est que les titres en français sur le précédent ont été entre autre un frein à pouvoir distribuer l'album en Europe et à l'étranger. L'autre raison est que je ne souhaite pas mélanger les langues pour l'instant et l'anglais s'est imposé sur cet album dans la mesure où tous les nouveaux titres ont été écrits dans cette langue. Je n'exclue pas la possibiblité d'enregistrer un jour un disque en français, mais ce n'est pas prévu à courte échéance.

25/4/01

Le choix de sortir en juin ou septembre dépend de quoi ?

Le choix pour la sortie de l'album dans les bacs dépend du planning du distributeur qui juge aussi de la période la plus propice et je pense que septembre ou octobre serait bien compte tenu du fait qu'on est presque début mai et qu'il reste quelques détails à fignoler au niveau de la production. Il faudra donc attendre encore un petit peu !

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